ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
![]() |
![]() |
![]() |
||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Pierre CurieLa crise du protestantisme français(Essai d’explication sociologique) |
Conflit et crise :Trois analyses des conflits |
Sommaire Conflit et crise - Trois analyses des conflits . Crise de crédibilité . Analyse institu- tionnelle . Alain Touraine - Tension intra-idéo- logique et orthodoxie fluctuante Conflit et changement social . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
Alain TouraineAlain Touraine(1) distingue trois types de conflits qui sont l’expression des relations entre trois notions d’identité, de totalité et d’opposition, constitutives du système d’action. Pour Alain Touraine, la société est, en effet, « conçue comme un système d’action et non plus comme un agrégat de groupes sociaux ou comme l’affrontement des collectivités sociales » (p. 313). Le principe d’identité est ce qui définit et constitue le groupe social. Par exemple, l’ouvrier se définit d’abord par son apport de travail et, dans la société industrielle, par son rôle dans la production. Le principe de totalité définit le champ social. Alain Touraine emploie plusieurs expressions pour exprimer le contenu de cette « totalité » : « champ social », « conscience de la société », « intérêt général auquel on fait appel ». Pour lui, ce principe de totalité est lié, orienté par un système central de valeurs. Par exemple, la société industrielle est une société qui se veut industrielle, dont la volonté de développement est la clé de voûte. Le principe d’opposition est la conscience d’autrui, la reconnaissance d’adversaires. Situant ces notions par rapport à ce qu’il nomme « la conscience de classe », il en donne la définition suivante : « le principe d’identité est, plus encore que la définition d’un groupe d’appartenance, la définition d’une contribution, d’une fonction sociale et donc le fondement des revendications ; le principe d’opposition, c’est-à-dire la définition du groupe antagoniste et plus précisément celle des obstacles au contrôle des travailleurs sur leur œuvres ; le principe de totalité définit le champ social dans lequel se situe la relation définie par les deux principes précédents » (p. 17). À partir des relations entre ces trois principes, Alain Touraine décrit trois types de conflits : une forme archaïque, la rupture, où domine la conscience d’opposition ; elle apparaît, par exemple, dans les premières phases du mouvement ouvrier. Cette conscience d’opposition, isolée des autres éléments de la conscience ouvrière, constitue la conscience prolétarienne que l’on retrouve dans le slogan « la mine aux mineurs », qui signifie l’élimination de l’exploitation des travailleurs par les capitalistes. Un second type de conflit apparaît dans la lutte des classes proprement dite, dans laquelle les deux principes d’identité et d’opposition se trouvent dans une relation privilégiée. La conscience de classe (conscience de l’identité collective) se confond avec la conscience d’opposition dans l’univers social (totalité) du système capitaliste comme système total et comme système d’antagonisme fondamental. La lutte des classes envahit l’ensemble du champ de la société, en devenant la structure essentielle du champ social. Enfin, le troisième type est celui du conflit proprement dit, que l’on retrouve dans les luttes syndicales ou les oppositions entre partis ; ce type de conflit relève de la contestation, où domine la totalité de l’univers social, et où chacun définit son identité par rapport à la totalité sociale. Ainsi, par exemple, les travailleurs contestent l’autorité des chefs d’entreprises, tout en préconisant des décisions que les organismes responsables pourraient être amenés à prendre dans l’intérêt des travailleurs et de l’entreprise en général. ______________ 1 Alain Touraine : La conscience ouvrière, le Seuil, 1966. ![]() |
|
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() tc311300 : 02/12/2017 |